Roadtrip Islande
Nicolas & Solène (2009)

Lorsque nous sommes arrivés au village de Þingeyri, nous nous sommes demandés ce que nous allions bien pouvoir faire de notre journée. À la base, elle n'était pas prévue ainsi. Nous avions 250 kilomètres à faire pour rejoindre Reykhólar le soir même car nous n'avions pas pu avoir de place sur le Ferry Baldur afin de traverser la baie Breiðarfjörður. Mais comme ils nous avaient re-contacté pendant le voyage pour nous dire qu'en fait tout était OK, nous avons dû réorganiser les 4 derniers jours du voyage pour prendre en compte que nous aurions un jour d'avance.

Dans notre guide, il n'y avait strictement rien à faire près de Þingeyri à part l'escalade du Sandafell et écouter un vieux guide nous raconter une histoire. Malheureusement, l'une des deux activités semblait particulièrement nulle, tandis que l'autre y était décrite en ces mots : « c'est la falaise qui borde le village à l'ouest. Une piste, pour 4x4 seulement, au départ de la route 60, permet d'accéder au sommet. Sinon, compter 4 heures de marche aller-retour. » Il était bien entendu hors de question de passer 4 heures à escalader une montagne (vis-à-vis de notre planning), et notre Toyota Yaris ne correspondait sûrement pas au profil du véhicule indiqué, alors nous avons quitté la zone.

En partant vers le sud, nous avons croisé la piste en question et son état semblait assez correct vu de la route 60. Nous nous sommes regardés, avons réfléchi et avons finalement décidé de tenter le coup. Si la piste devenait trop délicate, nous n'aurions qu'à rebrousser chemin. Durant un bon kilomètre, celle-ci passe de 150 à 250 mètres d'altitude et son état déplorable permet tout de même de rouler en seconde confortablement. Et puis, soudainement, la piste devient carrément défoncée et largement impraticable pour une voiture de tourisme. Malheureusement, avec une pente à 15% et une largeur juste suffisante pour la voiture, nous n'avions aucun moyen de faire demi-tour.

Il a alors fallu enclencher la première et prier pour que les roues continuent d'accrocher la roche et les graviers. Je dois avouer que nous nous sommes fait une très grosse frayeur. En l'espace d'une centaine de mètres, la route gagne à nouveau une trentaine de mètres d'altitude, et la pente passe facilement à 25%. La voiture patinait, dérapait, glissait vers le fossé et nous étions bien incapables de dire combien de temps la piste continuait de monter ainsi. Heureusement, après ces 100 derniers mètres, on atteint une zone plate et large qui permet de s'arrêter et de souffler un peu. À ce niveau, nous étions à environ 320 mètres d'altitude et la route montait encore jusqu'à 350 mètres un peu plus loin. Nous avons toutefois décidé de nous arrêter là, c'était plus prudent.

Heureusement, depuis le sommet, la vue était particulièrement incroyable ! Nous avions l'impression d'être sur le toit de l'Islande, et pourtant dieu sait que nous en étions loin. Le temps s'est dégagé pendant notre escalade, nous avons donc pu profiter de la vue sans aucun désagrément à part une pluie fine et un vent horriblement puissant. De là haut, le village de Þingeyri paraissait encore plus petit qu'il ne l'était déjà et le fjord Dýrafjörður était visible dans son intégralité. Nous avons également aperçu un aéroport de l'autre côté de la montagne, en plein milieu de nulle part, et surtout en plein milieu de montagnes abruptes. Il faut probablement une bonne dose de sang froid pour se poser là.

La descente fut un peu plus calme, même si nous avons cru que nous avions crevé un pneu. Au final, c'était simplement l'importance de la pente qui déplaçait tout le poids de la voiture sur les roues avant et les écrasait. Une expérience ridiculement dangereuse et stupide, mais qui valait définitivement le coup !